PIE ROUGE DES PLAINES : L'ALTERNATIVE LAITIÈRE

ENTRE LES TENANTS D'UNE SÉLECTION AXÉE SUR LA PRODUCTIVITÉ et ceux qui souhaitent préserver les qualités originales de la pie rouge des plaines, « nous avons clos ce débat en créant deux segments, explique Jean-Yves Dreau, directeur des filières lait du groupe Évolution, qui développe la race en lien avec l'organisme de sélection. Le premier regroupe les taureaux de la gamme Authentic. Il est conçu pour les éleveurs qui cherchent, d'une part, à valoriser au maximum le prix du lait à travers une composition riche en taux et la santé de la mamelle et, d'autre part, à maîtriser leur coût de conduite d'élevage grâce à la qualité des fonctionnels. Le second regroupe les taureaux de la gamme Autonom, plus spécifiquement conçue pour les éleveurs qui aspirent à développer leur troupeau avec des vaches productives, tout en respectant les taux et la fertilité. » Ces deux derniers caractères sont en effet des marqueurs forts de la race pie rouge des plaines, comparativement à sa cousine holstein.

C'est d'ailleurs cet aspect et la possibilité de déclarer indifféremment les veaux issus de croisements en code 19 (pie rouge des plaines) ou 66 (prim'holstein) qui expliquent que 50 % des inséminations réalisées avec des doses de la race pie rouge des plaines le sont par des éleveurs de holsteins, désireux d'améliorer leurs résultats de reproduction et les taux, avec un bon compromis en matière de production. « Derrière la holstein, la pie rouge est la deuxième race en production de matière protéique », rappelle d'ailleurs Jean-Yves Dreau.

SE POSITIONNER DANS UNE LOGIQUE DE CROISEMENT TROIS VOIES

Alors que la race stagne autour de 10 000 vaches au contrôle laitier, essentiellement localisées en Bretagne, la coopérative voit dans ce rapport lait/taux très intéressant (7 751 kg de lait à 42,5 de TB et 33,2 de TP) une opportunité de développer les inséminations dans le cadre de croisements trois voies, en remplacement de la montbéliarde ou de la rouge scandinave. En effet, cette pratique, qui consiste à inséminer alternativement trois races laitières pour bénéficier de la vigueur hybride, a été bâtie autour de l'accouplement holstein-montbéliarde-rouge scandinave. « La descendance ne bénéficiera pas de la vigueur hybride promue par ce schéma, car la pie rouge des plaines est génétiquement trop proche de la holstein. Mais ses performances laitières sont supérieures à ces deux races, et elle garde néanmoins la capacité à tirer vers le haut les taux et les caractères fonctionnels des troupeaux holsteins », explique Jean-Yves Dreau.

Dans la gamme de taureaux Authentic qui correspond le mieux à ces qualités originelles, on notera le retour d'Eliot. Issu de la sélection génomique, il revient au catalogue après confirmation sur descendance avec ses points forts : taux et santé de la mamelle (STMA 1,7). Le gène sans cornes reste toujours mis en avant dans cette gamme avec des représentants comme Indigo P.

« Il est classé dans les cinquante meilleurs taureaux rouges en Allemagne, pays de référence en race pie rouge des plaines. » Parmi les nouveautés, Direct Red et Majesto, deux taureaux étrangers qui se distinguent sur le TP et sur la reproduction. Enfin, en tête du classement Isu, Duc pourrait également se trouver dans la gamme Autonom, au regard de la valeur de son index lait (1 351 kg).

UN CATALOGUE QUI MÊLE GÉNOMIQUES ET POLYGÉNIQUES

Dans la gamme Autonom plus typée lait, Ingénieur (1 240 kg) et les nouveautés Franc Red (1 254 kg) et Rowan Red (1 176 kg) se démarquent particulièrement sur ce caractère de production, mais ils sont aussi tous les trois négatifs en TP. La segmentation de l'offre permet donc d'orienter les plans d'accouplement en fonction des caractères recherchés, et non plus de la distinction entre taureaux génomiques ou polygéniques.

JÉRÔME PEZON